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Le spectre des défaillances ressurgit dans les TPE-PME

[20/02/2023]

La rapide remontée des défaillances sur les derniers mois de 2022 et le début de 2023 inquiète. L'endettement et la croissance ralentie sont des points noirs, surtout pour les petites entreprises.

Article paru dans LES ECHOS du 20/02/2023 

 

Le roi lyonnais des surgelés Place du Marché , les supermarchés bretons Scarabée, les vêtements Burton ou encore l'enseigne de chaussures San Marina , près de Marseille… Autant d'entreprises criblées de dettes qui se sont placées récemment sous la protection des tribunaux de commerce. Mais derrière cette poignée de sociétés emblématiques, c'est le tissu des TPE et PME qui forme le bataillon des faillites. En 2022, moins de 1.300 des 41.000 faillites concernaient des entreprises de plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon une étude des cabinets EY et AU Group, publiée il y a quelques jours.

Ce tissu fragile fait aujourd'hui l'objet de toutes les attentions. Car s'il est très loin de la vague de faillites un moment tant redoutée, le rythme de défaillances repart inexorablement à la hausse après le gel des années Covid et du « quoi qu'il en coûte ». D'après les derniers chiffres de la Banque de France, 42.640 défaillances (sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire) ont été enregistrées entre février 2022 et janvier 2023, contre 28.124 un an plus tôt. Soit une hausse de 51,6 %. Le niveau reste « à un stade inférieur de près de 17 % à celui enregistré en 2019 », précise l'institution bancaire. Avant la pandémie , les chiffres oscillaient, en effet, entre 50.000 et 55.000 dépôts de bilan par an.

« Pure normalité »

« Le scoop, c'est que le cycle économique revient à la pure normalité », résume Thomas Denfer, le président du Conseil national des greffiers. « On sent une nette reprise depuis septembre 2022 mais on est encore à moins 25 % par rapport à un rythme normal », confirme Cécile Jouin, mandataire judiciaire et présidente de l'Institut français des praticiens des procédures collectives. Mais le rythme s'accélère. « Ce n'est pas le bilan lissé sur l'année qu'il faut regarder mais la tendance sur les derniers mois. J'ai 56 % de dossiers en plus sur les six dernières semaines », témoigne Thierry Gardon, le président du tribunal de commerce de Lyon.

Une analyse plus détaillée des secteurs concernés montre là aussi un retour au classique. Les transports routiers (dont la livraison à domicile), les commerces, la restauration, le bâtiment constituent le gros du bastion menacé. « Ce sont les activités habituellement concernées par les procédures collectives », commente Thomas Denfer. Ainsi, les boulangers pâtissiers, qui avaient alerté sur leurs fragilités face au coût de l'énergie, représentent 2,5 % des entreprises en procédures l'an dernier - un quota classique. Olivier Pontais, directeur du cabinet de conseil AU Group, pointe, lui, les difficultés plus inquiétantes ces derniers mois « de l'industrie agroalimentaire confrontée aux prix des matières premières et de l'énergie, des acteurs du bâtiment dans la construction individuelle, et des services aux particuliers comme la restauration ou les coiffeurs ».

Anticipations

Si la normalisation semble être le maître mot dans le panorama des entreprises en difficulté, un phénomène tranche, en revanche, avec l'avant-Covid : le nombre des radiations volontaires. Selon les greffiers, sur les quelque 346.000 entreprises radiées en 2022 (en hausse de 12 % par rapport à 2021), 52 % l'ont été par leur dirigeant, contre 46 % en 2019, avant la pandémie. « Cette envolée, déjà constatée en 2021, montre que des dirigeants anticipent les difficultés financières et préfèrent prendre les devants pour arrêter », constate Thomas Denfer. Mais tant que la création d'entreprises reste soutenue, elle reflète, selon lui, « un cycle économique sain ».

Pour autant, en plus d'une visibilité économique peu stable, deux sujets inquiètent pour 2023 : la crise énergétique et les remboursements des Prêts garantis par l'Etat (PGE) . « Je ne vois pas de dossiers coulés par le coût de l'énergie. Est-ce à dire que la crise est passée ou qu'ils vont arriver ? », s'interroge Thierry Gardon. En revanche, les PGE expliquent déjà la majorité des procédures amiables (mandat ad hoc et conciliation), sollicitées pour étaler les remboursements. « Et les Urssaf n'ont pas repris leurs assignations, alors qu'ils forment le gros des liquidations », prévient Eric Feldmann, le président du Tribunal de commerce de Lille Métropole.

Autant de signaux qui conduisent Allianz Trade à prévoir une hausse de 40 % des faillites en France en 2023, pour atteindre 59.000 dossiers. Un chiffre qui se rapprocherait alors des heures sombres de la défaillance, en 2015-2016. Et qui toucherait en premier lieu, une fois encore, les plus petites entreprises.

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