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BICOOP - COUP DE FREIN - Article du journal LIBERATION 02/12/2022 (Journaliste : Elodie Auffray)

[03/12/2022]

Le leader de la distribution bio enregistre des baisses de chiffre d’affaires jusqu’à moins 20% sur un an dans certains de ses magasins. En Bretagne, l’un de ses bastions historiques, il connaît plusieurs revers. Ce samedi, à Rennes, trois magasins baisseront définitivement le rideau.

Ce samedi au soir, trois magasins Biocoop Scarabée baisseront définitivement le rideau, un an seulement après leur ouverture, à Rennes. Une illustration du brutal retournement du marché dont souffre le bio depuis mi-2021. Placé en redressement judiciaire le 26 octobre, Scarabée, qui compte treize magasins et deux restaurants dans la métropole rennaise, a ainsi choisi, pour retrouver du souffle financier, de fermer trois des quatre nouvelles enseignes inaugurées l’an dernier. «Ces magasins ne sont pas au rendez-vous de leur prévisionnel et sont très déficitaires, ce qui tire le résultat de la coopérative vers le bas», explique, dans une lettre à ses adhérents publiée sur son site, le directoire. Contacté, celui-ci n’a pas souhaité s’exprimer davantage. Un plan de sauvegarde de l’emploi est également en cours d’élaboration, indique la lettre. L’entreprise compte quelque 200 salariés.

Après plusieurs années de croissance à deux chiffres et une euphorie pendant le premier confinement, les ventes de produits bio ont fortement chuté, en particulier dans les enseignes spécialisées. Ainsi, Biocoop enregistre une baisse «de -7% à -20% du chiffre d’affaires, selon les magasins, entre novembre 2021 et 2022», informe Henri Godron, l’un des administrateurs nationaux.

 

Bastions historiques

«Un changement d’habitudes de consommation à la sortie de Covid, un désamour [du] bio au profit des produits locaux non bio, la confusion entraînée par des labels moins-disants comme HVE […], les conséquences du climat actuel sur le moral des Français avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et du carburant nous ont impactés fortement. Sans parler de l’inflation», détaillait le directoire de Scarabée sur son site en octobre, égrenant le constat partagé l’ensemble des acteurs du bio.

Très développé en Bretagne, l’un de ses bastions historiques, le réseau des Biocoop, leader de la distribution bio en France, y connaît plusieurs revers. Dans l’agglomération de Saint-Brieuc, la Gambille, membre du réseau également, a annoncé le licenciement de cinq salariés et la fermeture de son salon de coiffure, de son restaurant et de sa poissonnerie, intégrés au plus grand de ses cinq magasins. La coopérative Callune, qui compte quatre points de vente dans le centre-Bretagne, a elle aussi été placée en redressement judiciaire en octobre et envisage la fermeture de l’un d’entre eux. «On a tous ressenti une baisse à partir de mai 2021, mais les projets étaient déjà lancés, indique Stéphanie Mougniard, cogérante de Callune. Ce sont les magasins ouverts en 2021 qui n’ont pas atteint le seuil de rentabilité comme ils auraient dû et qui plombent l’activité des autres. Les historiques sont censés faire des bénéfices pour éponger ceux qui se lancent, mais tous nos magasins souffrent. A Pontivy, le plus vieux, on est à moins 12% de chiffre d’affaires sur un an.»

«On revient à la normale»

«Quand il a été décidé d’ouvrir les magasins, on était sur une forte croissance depuis dix ans, le coup de frein a été brutal. Il n’y a pas eu d’euphorie, mais une volonté claire de développer le bio, de sortir du marché de niche. Notre ambition de développer une alimentation saine ne peut se faire qu’à travers l’ouverture de magasins. Un mètre carré linéaire, c’est un hectare de développement de l’agriculture bio», défend de son côté Matthieu Pérouse, administrateur national de la Biocoop. Depuis le début de l’année, le réseau a enregistré 25 fermetures sur toute la France. Toutes enseignes confondues, le chiffre monte à 180, avance Scarabée sur son site.

«Il y avait peut-être un peu trop de magasins Biocoop pour l’agglomération rennaise», avance de son côté Loïc Danel, directeur de Biotopia insight, cabinet spécialisé dans les analyses du marché bio. «Tout le monde s’est vu un peu trop beau, un peu trop vite, avec beaucoup d’ouvertures, juge-t-il. Aujourd’hui, on revient à la normale, de façon un peu plus marquée que ce qui était imaginé. Le recul est fort par rapport à 2020, où les magasins bio ont connu une très forte croissance assez inédite. Mais par rapport à 2019, on est à -2%, -3% de chiffre d’affaires. Le réajustement est assez logique, même s’il fait mal.»

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